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« Humainement très fort »

Jacques Villeneuve, champion du monde de F1 et d’Indycar, vainqueur des 500 Miles d’Indianapolis, a fondé FEED Racing avec son compère Patrick Lemarié. Il revient sur la première année de ce Volant destiné à nourrir le sport auto de nouveaux talents.

  •  Quel bilan tirez-vous de cette première édition de FEED Racing ?

Je suis très satisfait de tout le processus. Des premiers stages, en avril, à la finale, mi-novembre. Satisfait du niveau général, de l’ambiance, de l’organisation, et plus que tout encore de ce que l’on a pu apporter aux jeunes pilotes. On avait avec nous des jeunes qui clairement soit ne pouvaient pas passer à la monoplace, soit ne pouvaient pas espérer autre chose que de continuer en karting toute leur vie, soit n’imaginaient même pas faire de la compétition. On a eu 10 nationalités de pilotes, de tous les âges entre 15 et 21 ans, de toute expérience.

  • Quelle est votre plus grande satisfaction personnelle ?

On savait qu’on pouvait faire du super boulot. Je connais Patrick (Lemarié) depuis des années et je n’avais pas de doute sur notre concept et sur le fait qu’on le mette en œuvre. Mais c’est vrai que je retiens surtout la composante humaine. Il y a eu une super ambiance, une grande complicité, que ce soit avec les jeunes et avec les parents. J’ai pris énormément de plaisir à m’impliquer personnellement et, au final, j’ai presque tout le temps été présent. On s’est attaché aux élèves. On a travaillé à l’ancienne, sans télémétrie, et du coup, tout le monde a appris ensemble, a réfléchi ensemble. Les jeunes étaient à l’écoute.

“On avait vraiment des typologies de pilote très différentes.”

  • Quels pilotes vous ont le plus impressionné ?

On avait vraiment des typologies de pilote très différentes. Si on regarde bien, d’ailleurs, les quatre premiers du Volant sont : un champion du monde de kart de 21 ans qui n’avait jamais roulé en monoplace (Marijn Kremers) ; un pilote de kart qui n’avait quasiment pas roulé de 2019 et dont la famille a un héritage en sport auto (Etienne Chéli) ; un apprenti boucher de Marseille qui n’avait fait que du karting de location (Alexis Giroud) ; ou encore un gamin qui n’avait fait qu’un peu de kart de compétition (Dorian Cazals). Au début, Dorian n’était pas dans le coup, mais ensuite, au fil des jours, il a progressé. Il a passé les 1/4 de finale, la ½ finale, et il est arrivé en finale pour finalement se classer 4e. La preuve qu’il faut donner du temps aux élèves.

  • Un mot sur le vainqueur, Marijn Kremers.

Il est vraiment spécial. Il a réalisé des chronos incroyables en finale. Depuis sa victoire chez FEED, il a entamé les essais avec Carlin en vue de la F4 britannique et il bluffe tout le monde.

“Même les équipes et les constructeurs ne savent plus où sont les vrais talents purs.”

  • Quels ajustements souhaitez-vous faire en 2020, pour la seconde année de FEED Racing ?

On fait toujours des ajustements. Car comme nous souhaitons une équité parfaite en tout moment, on s’adapte constamment. A la météo notamment. Par exemple, lors de la finale, au lieu de les laisser s’affronter au chrono et chacun leur tour – ce qui n’aurait eu aucun sens du point de vue de l’équité – on a décidé, du fait des conditions météos changeantes, de transformer la finale en duel, à élimination directe. On fera toujours tous les ajustements nécessaires pour que le talent et l’équité priment.

  • Êtes-vous toujours persuadé que FEED Racing est une solution aux maux modernes du sport automobile ?

Un petit remède, oui ! On veut ouvrir les yeux au monde du sport automobile. On veut changer les choses. L’argent a toujours existé dans le sport auto, mais il y avait un bon équilibre avec le talent. Désormais, l’argent régit tout. Même les équipes et les constructeurs ne savent plus où sont les vrais talents purs. Le karting est tombé dans une spirale où le but est de garder les jeunes le plus longtemps possible pour bénéficier des budgets confortables. Or, le talent reste primordial. Il permet de progresser, de signer des résultats, de pérenniser une équipe. Une écurie qui s’appuie trois ans de suite des pilotes uniquement payants régresse. Elle n’y arrive plus et décroche. FEED Racing veut révéler les talents et nourrir le sport automobile de demain.

 

Photos Jean Michel Le Meur / DPPI

 

 

 

 

 

 

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